Prêt à Voler

Pour Ruggero Tita, médaillé d'or olympique en Nacra 17 avec Catarina Banti "le foil est une aile sous le bateau qui vous permet de sortir de l'eau" 

C'est tout le principe de la voile : sortir de l'eau, voler au-dessus avec grâce. Nous considérons souvent l'eau comme un symbole de calme, mais en réalité, l'eau est dure comme l'acier. Et quand vous naviguez, les embruns peuvent vraiment faire mal. L'eau brise les marins. C'est la raison pour laquelle ils essaient de s'en écarter en soulevant le plus possible la coque de l'eau. “Pour cela, explique Caterina, nous avons besoin du vent. Le vent est lié à fois à la liberté, à la peur, et à la fermeté"  

Si Ruggero Tita, né en 1992 à Rovereto dans le nord de l'Italie, a un esprit analytique et se fie d'avantage à la technique et au contrôle, Caterina Banti, née à Rome en 1987, a plus une âme de philosophe et une approche humaniste. "J'analyse aussi beaucoup les choses" relève Catarina, "mais pour moi le contrôle est une méthode plus qu'un mode de vie, et c'est une méthode que j'ai acquise pendant mes études, car j'adorais étudier et réussir à l'école et à l'université". Caterina a été diplômée très tôt et elle est entrée en doctorat précisément à l'époque où elle a découvert la voile. "Mon frère avait besoin d'un numéro 1. J'ai alors découvert que j'étais douée et qu'en plus, j'adorais ça". Elle a aussitôt décidé de mettre sa carrière entre parenthèses – "le temps était bien sûr de mon côté car j'étais très jeune et je me disais que je pourrais toujours reprendre mes études plus tard". Elle s'est alors consacrée à la voile et a rencontré Ruggero peu de temps après. 

“J'ai au contraire commencé à naviguer très tôt", explique t'il. "J'étais attiré par les poussées d'adrénaline que ce sport provoque. J'aimais aussi la ténacité dont il faut faire preuve pour apprendre, notamment quand il faut entretenir le bateau. C'est pourquoi j'ai choisi de faire des études d'ingénieur". 

La confiance est un élément clef dans la voile : le numéro 1 doit faire confiance au barreur et vice-versa. Une synergie doit se créer dans un but commun qui n'est pas seulement la victoire mais simplement l'envie de bien naviguer, de trouver le parfait équilibre dans les mouvements. Cela signifie néanmoins être extrêmement léger et mener le bateau avec la même légèreté, voler au-dessus de l'eau. 

Dans la vie d'un athlète aussi, tout est question d'équilibre : "C'est un privilège, une chance de faire ce que l'on aime et de dédier sa vie à sa passion", confie Caterina, "Les sacrifices doivent être perçus comme des choix et des compromis, pas de manière négative. Il faut en permanence trouver l'équilibre, dans la vie comme sur l'eau. Et la question est toujours la même : à quel moment faut-il dépasser les limites et jusqu'où ?" 

Pour voler, il faut les deux. Et nous avons vu que dans la voile, et en particulier en foil, le but est avant tout de voler, de s'élever au-dessus des choses, en observant le monde sous un angle privilégié. 

Pour Ruggero et Caterina en 2024, cet angle privilégié sera les Jeux Olympiques de Paris.

Et ils sont prêts à voler pour trouver, comme dans Jonathan Livingston le goéland, "la vitesse absolue de l'omniprésence".